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Lac Attitlan, Guatemala

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lundi 3 juin 2013

Un peu de foot

Vous vous souvenez d’Elvis? – Un peu de moto, blog du 12 avril 2013 -    Il m’avait ramené à la maison en moto après un souper chez mes amis Ariane et Denis qui construisent des forages dans le désert, au nord du Niger.

Elvis travaille à la maison d'arrêt pour les jeunes contrevenants de Niamey, l'équivalent de nos maisons ....  Il est responsable du programme de rééducation des jeunes garçons âgés de 12 à 20 ans. Chaque matin, cinq jours par semaine, il travaille avec eux. Aussi, il m’avait promis qu’il nous inviterait à rencontrer ces jeunes garçons, un samedi.  Ce samedi, il nous a invité à une partie de foot sur le terrain de la prison et, nous avons accepté, tous les trois colocs, André, Liliane et moi.


Le taxi s’immobilise à quelques centaines de mètres de la prison. Notre taximan nous oblige à descendre et à marcher jusqu’à l’entrée principale puisqu’il n’a pas le droit d’arrêter son véhicule devant la porte de la prison.  Nous marchons jusqu'à la porte principale en attendant Elvis qui se pointe au volant de sa moto.

Elvis nous invite à le suivre vers une porte à l’arrière de la prison principale, là où logent les jeunes. C’est à cet endroit que nous rencontrons le superintendant et les gardiens avant d’être invités à traverser le mur par l’étroite mais lourde porte de métal grincheuse.

La prison de Niamey.  En arrière-plan, la maison d'arrêt des jeunes.

À l’intérieur des murs, d’autres murs, d’autres portes verrouillées, une salle de toilette en son centre et tout autour, des jeunes garçons bien vivants, quelques-uns souriants, d’autres plus à l’écart. Ils saluent Elvis, de façon très amicale et détendue : une poignée de main suivie d’un « toc » d’épaule à épaule.  Ca fait « cool ». Et, lorsque l’un d’eux se décide à venir nous donner la main, plusieurs autres suivent, quelques-uns gênés, d’autres moins.

    -  Ça va?
    -  Ça va.

Rassemblés sous un toit de tôle, Elvis leur explique les consignes et le déroulement de la matinée. Sur la quarantaine de jeunes, vingt d'entre eux décident de venir jouer une partie de foot. Enlignés, à la file indienne, les joueurs sortent de l’enceinte, après un premier décompte.  Ensuite, ils s’accroupissent devant les gardiens de prison pour un deuxième décompte en précisant leurs noms. La partie pourra commencer, sur un terrain adjacent, recouvert de sable rocailleux, jonchés de roches tranchantes.

Les gardiens de but désignés choisissent leurs joueurs, un à la fois, chacun leur tour.  L’équipe des chandails jouera contre l’équipe des torses nus.  Elvis se joint aux chandails tandis que Liliane se joint aux torses nus. Elle gardera son chandail...  Le gardien de prison, André et moi, assis sur un banc placé à l’ombre de l’unique arbre, observons la partie.

Les jeunes jouent avec un enthousiasme débordant démontrant leur intérêt pour ce sport qu’ils adorent.  Ils courent, la plupart pieds nus, sur ce gravier tranchant ou avec des sandales qui ne tiennent pas dans les pieds, des sandales qui brisent tellement les efforts sont intenses. Plusieurs se retirent, blessés, ou après avoir cassé leurs sandales. Elvis mettra fin à la joute quand trop de jeunes se seront blessés sur les cailloux tranchants.

Avant de retourner à l’intérieur des murs, il y aura un nouveau décompte devant les gardiens. Puis, les vingt jeunes garçons rentrent sagement au « bercail » et, nous les suivons.  Elvis les invite à s’assoir par terre, toujours sous l’abri de tôle et distribue les surprises qu’il a achetées : de la poudre talc odorante et des savons. Les remerciements pleuvent. La gratitude rendue visible!

Pendant la distribution, J'en profite pour jaser avec quelques détenus qui parlent français. Un jeune s’approche pour me montrer sa peau blessée qui ne guérit pas.

   -  Médicaments? Tu peux m’aider?

Un autre nous montre la nourriture de la prison :

    -  Ce n’est pas bon.  Je ne veux pas manger cela.
    -  Tu dois t’organiser pour ne pas revenir ici, n’est-ce-pas? Que feras-tu quand tu sortiras?
    -  Je veux aller à l’école.
    -  Excellente idée, lu dis-je avec une tape d’encouragement sur l’épaule. 

Aller à l'école?  Elvis m'explique qu'il n'a pas l'argent pour acheter sa nourriture.  Il ne pourra jamais payer le costume, ni les cahiers...  Ces jeunes ont commis de petits vols à l'étalage ou se sont bagarrés ou ils ont conduit une automobile sans permis.

La distribution des cadeaux terminée, nous quittons l’enceinte sans avoir visité les trois cellules dans lesquelles ces jeunes doivent passer leurs nuits. Trois cellules de terre cuite surchauffées par le soleil brûlant du Niger, sans ventilation, sans climatisation. Une seule fenêtre percée dans le mur aère minimalement l’espace trop restreint durant leurs nuits. L’enfer, s’il existe, doit ressembler à leur vie dans cette maison d'arrêt.  

Et, malgré tout, ces jeunes réussissent à jouer au foot avec un enthousiasme à toute épreuve et parlent de projets d’avenir.  

La résilience, toujours....

Louise

André, Liliane et Elvis, à la sortie des murs.


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