Nous nous souviendrons longtemps de ce samedi, 1er juin 2013...
André, Liliane et moi, nous sommes sortis de la prison de Niamey vers 11:30, en fin de matinée, après la partie de foot avec les jeunes détenus. À peine trois heures plus tard, vers 14:30, une fusillade éclate devant la prison où nous étions ainsi qu’à l’intérieur de ses murs. Une évasion massive a lieu, beaucoup d’échanges de coups de feux ont lieu et deux gardes sont tués sur le champ, fort probablement les deux jeunes hommes qui gardaient la porte centrale lors de notre arrivée. Nous apprendrons beaucoup plus tard que vingt-deux prisonniers se sont évadés. Rien ne laissait présager un tel attentat ce jour-là.
Au moment de l’attentat, Liliane et moi étions déjà reparties en ville, vaquer, chacune à nos occupations. Nous avions pris le même taxi, comme à l’habitude. Abib, notre taximan est aussi devenu un habitué, presqu’un ami, mais surtout, un véritable gentleman. Il nous a déposé, Liliane à la piscine avec des amies et moi, au Centre Culturel Français pour visiter la bibliothèque.
Alors que, calmement, je dévore un livre de l’auteur nigérien Moussa Boureima, la directrice de la bibliothèque s’élance vers moi en me disant :
- Il y a eu un attentat dans Niamey. Nous barricadons la bibliothèque. Il faut rester ici.
Au même instant, Liliane m’appelle. Elle a aussi reçu la nouvelle, convoqué notre taximan et ils sont en route pour venir me chercher.
- Je sais, lui dis-je, mais il m’est impossible de sortir d’ici. Ils ont fermé la bibliothèque. L’armée est à la porte. Je vais voir ce que je peux faire.
Je retourne voir la directrice pour lui expliquer qu’un taxi ami cherche à venir me chercher.
Entre temps, Liliane a déjà rappelé :
- Nous sommes à un coin de rue, en direction du Centre des Congrès. Nous t’attendons. Fais vite! L’armée veut nous obliger à partir.
Avec la complicité de la directrice de la bibliothèque, je sortirai calmement, entourée de plusieurs hommes armés qui m’accompagnent sur cette rue désormais fermée où je peux apercevoir mes amies et mon taxi.
Heureuses de nous retrouver, nous nous empilons dans le taxi et repartons vers les quartiers plus calmes où nous habitons. En route, le taximan prendra une autre collègue qu’il avait déposée, plus tôt, dans un salon de beauté. Son pédicure ne sera pas terminé en beauté aujourd'hui. Dans ce minuscule véhicule de taxi d’un maximum de cinq personnes, nous sommes sept, empilées les unes sur les autres, le temps de rentrer au bercail.
Sur la route, Abib s’arrête dans un « dépanneur » pour nous permettre de faire des provisions d’eau potable, juste au cas... puis, il nous dépose, chacune en notre demeure respective. Liliane et moi descendons les dernières.
Abib prend alors une longue respiration qui en dit très long. Le sourire accroché au visage, soulagé, il lance :
- OUF! Ca y est! Toutes rentrées.
Abib, fier taximan de Niamey, devant notre maison |
Abib a vraiment joué son rôle de taximan professionnel. Il mérite toute notre reconnaissance et notre respect.
Gratitude!
Nous passerons le dimanche enfermées... à l’air climatisé.
Louise
Louise
Digne de Bob Morane. Tu es sûre que ton chauffeur ne s' appelle pas Bill... Ballantine?
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