Si vous avez lu mon livre « Les touristes ne vont pas à Abalak » ou « SOIF » publié en Belgique, vous connaissez déjà Sanda. Si vous ne le connaissez pas, je vous le présente de façon très élémentaire.
Sanda est un nomade Peul Wodabe du Niger, en fait un homme bleu du désert. En 2001, il est venu faire une danse traditionnelle peule aux Jeux de la Francophonie à Ottawa-Gatineau. En 2002, il m’a invité à une fête des nomades du Niger dans le Sahara, appelée la Cure Salée, et j’ai accepté son invitation. Le reste est dans le livre…
Ce matin, j’ai revu Sanda. Il a accepté mon invitation à venir diner dans mon petit hôtel-chambre d’hôte. La propriétaire peule et son mari étaient ravis de nous préparer d'excellentes brochettes de filet de boeuf avec des frites et une salade. Nous avons diné avec mon nouveau collègue André Racine.
Nous nous étions revus en 2005 aux Jeux de la Francophonie qui avaient lieu, cette année-là au NIGER.. 8 ans ont passées. Quand je l’ai vu de loin, il avait la même démarche, le même costume et le même chèche blanc sur la tête, puis le même grand sourire. « Tu n’as vraiment pas changé » lui dis-je. Il répond en baissant la tête : « Regarde, la couleur de mes cheveux a changé ». Sanda a les cheveux blancs… Je le croyais immortellement jeune..
Puis, nous avons parlé affaire. Ca va? Ca va? Oui, ça va. Ça va. Et tes enfants? Ou est Matthiew? Et ton autre fils? Et celui qui prenait les photos? (Élia) Et Christian? Puis, à mon tour. Et ta femme? Et tes enfants? Et les animaux? Oû vis-tu? Comment va le puits? Et la banque alimentaire?
Commençons par la banque alimentaire. Sanda fait de grands éloges au sujet de la formation qui a été donnée aux femmes et à quelques hommes du village de Tagayet, ceux qui vivent autour du puits. Ils ne savent ni lire, ni écrire, n'ont jamais reçu une seule formation. Il dit que les formateurs venus de Niamey, l'ONG ADD, a envoyé des Peuls qui parlent leur langue. Ils ont été ravis d'apprendre et de comprendre les mécanismes d'une banque alimentaire. Il l'a répété plusieurs fois. Cette année, grâce à ce mécanisme, ils ont pu acheter 24 sacs de mil au marché d'Abalak à un prix bas à la saison des récoltes et le mil est engrangé et à l'abri. En juillet, quand les prix seront très hauts, ils vont vendre à un petit profit les 24 sacs et garder l'argent pour en acheter d'autres quand les prix seront bas... et ainsi de suite. C'est magnifique. Ça fonctionne.
Sanda et moi aussi tenons à remercier chaleureusement les organismes
et
PARTAGE TIERS MONDE de Gatineau
qui, grâce à de nombreux donateurs et à des activités de levées de fond, ont envoyé assez d'argent pour faire cette formation dans le village de Tagayet. Quand on dit que cela a porté fruit, c'est ici presque le cas sauf qu'ils n'achètent pas de fruits, que du mil....
Puis, André a lancé l'idée d'élevage de poulets. Le visage de Sanda s'est éclairé puis il a dit: "Nous ne savons pas comment faire pour élever des poulets mais nous pouvons apprendre. Nos enfants ont besoin de bonnes vitamines. Les oeufs seraient un excellent ajout à la diète de mil parce que nos vaches sont toutes mortes. Nous n'avons plus de lait." Pas de fruits, pas de légumes, pas de lait, pas de viande, pas de crème glacée... que du mil. Vous imaginez?
Je lui ai offert une petite caméra toute simple avec des piles de recharges et deux cartes mémoire. Il était très content. Il ira prendre des photos de ce qui se passe là-bas, dans le désert et il les enverra pas courriel. Il repart pour Tagayet dans moins de 2 semaines.
Depuis que j'ai rencontré Sanda, il y a deux choses importantes qui se sont passées et que tiens à mentionner : il a appris à parler le français et depuis quelques temps, il apprend à lire. Il a lu les deux couvertures de mon livre, lentement. Il était visiblement heureux. Moi aussi!
Puis, il est reparti. Je ne sais oû. Présentement, il est à Niamey avec sa 2e femme Hissi. Il m'invite chez lui dans deux jours.
J'aime encore le Niger!
Louise
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire