Il est
9 :30. Mon téléphone sonne.
- Je
suis devant ta maison, me lance Hamani.
- J’arrive!
Hamani est
le président de l’ONG LIBO du village de Libore situé à la périphérie de Niamey. Je l’ai rencontré grâce à ma bonne amie de
Toronto, Robin Mednick, qui a créé l’organisme « Pencils for kids »
suite aux Jeux de la Francophonie qui ont eu lieu au Niger en 2005. Depuis,
elle aide les enfants du Niger en particulier, les femmes aussi et les
familles par ricochet.
pour en
savoir plus.
Ce matin,
nous allons visiter un de ses projets nommé « Les fermiers de
l’avenir » situé justement dans ce tout petit village.
Nous sommes
8 : il y a ma grande amie madame
Nana Aicha Foumakoye, qui était ambassadrice du Niger au Canada, il y a
monsieur Foumakoye, il y a mon ami Bachir Maman Fifi, conseiller du premier
ministre, il y a les responsables du projet Hamani Djibo et Sidi Mohammed, un
deuxième chauffeur et bien sûr, le célèbre professeur Dov, agronome, qui
travaille depuis 10 ans à la mise sur pied de ce projet d’agriculteurs du
futur, nommé « Farmers of the future ».
M. et Mme Foumakoye |
Pendant un
bon moment, les deux 4X4 se suivent sur le goudron. Puis, à un certain moment,
nous prenons à gauche sur une piste.
Plus de route.. qu’une piste de 4X4.. L’environnement ressemble plutôt à
un paysage lunaire : des trous, du sable, d’autres cratères et quelques
oasis dans des failles du terrain. La
route est très cahoteuse. « Comment peut-on cultiver cette terre? »
je demande au professeur Dov. Il me répond que personne ne veut la
cultiver. C’est pour cette raison qu’elle
ne coûte pas très cher. Mais, il est
possible de la transformer.. Il faut
connaître des méthodes modernes d’agriculture et faire un peu plus de travail.
Le trajet
n’est pas très long. Nous nous arrêtons
bientôt sur le site d’une école primaire. Les jeunes de cette école étudient et
pratiquent l’agriculture dès le primaire.
Il apprennent à cultiver, à récolter, à vendre leurs produits et à gérer
les profits réalisés. C’est véritablement l’école de la vie!
Comment
réussissent-ils ce tour de force? Grâce à des cours théoriques 2 heures par
semaine et de la pratique dans le jardin pendant 5 heures par semaine, le tout
agréé par le ministère de l’éducation.
Les résultats sont absolument surprenants.
Nous trouvons
des mini serres au sein desquelles on a greffé les manguiers de mauvaise
qualité avec des greffes de bonne qualité et ils vendent leurs arbres 1000 FCFA
la pièce. Même chose pour les arbres de moringa, les pommes du Sahel, le
niebe.. Tout est à là, à vendre! Et pendant notre visite, des véhicules
quittent le goudron pour venir acheter des plants.
Une greffe réalisée par un enfant de Libore |
Les enfants
apprennent aussi à gérer les profits de leur travail. Pour ce faire, ils ont ÉLU
un conseil d’administration avec des élus. Cette année, c’est une fille qui a
été élue présidente par ses pairs. Adama a 13 ans. Elle et tous ses
amis sont en train de se préparer à gérer leur propre avenir… Je le crois.
Mme Foumakoye et moi en compagnie de Adama, présidente élue |
Notre
visite exceptionnelle se termine dans une chaleur absolument torride. Nous revenons en ville avec de nouveaux
arbres de moringa d’une qualité supérieure entretenus par les enfants.
Quand je
demande au professeur Dov pourquoi il vient travailler au Niger, il me
répond :
- La première fois que je suis venu ici, j’ai
été infecté par un virus d’amour du Niger et je suis incapable de m’en
débarrasser.
J’ai été infectée aussi dès mon
premier séjour dans ce pays. Robin
aussi… Et il y en a d’autres.. Il y a les Bernard et Marie-Claire Cardon et
Louis de Rickel et Françoise et Iez de Belgique, les Jacqueline Lanouette,
Raynald Cloutier, Jim Schneider, Sonia L'Italien du Québec et bien d’autres.
Heureusement, ce virus est bon pour la
personne infectée et bon aussi pour le Niger!
Madame Foumakoye encourage les femmes et les enfants. A droite, professeur Dov Pasternak acquiesse. |
De vieux relents se font sentir en te lisant. L'espoir des paysans, la richesse des températures chaudes, le désespoir de la terre brûlée etc. Tout ça en un gros pain qui fermente et lève avec la sincérité témoignée par les gens. En tout cas, je vais te rafraîchir. Printemps affreux ici. Profite bien du (même trop chaud) soleil de la terre africaine.
RépondreSupprimer(Je suis impressionné par la livrée de SOIF, ce volume est magnifiquement présenté). Je vois que tu vogues le blogue depuis longtemps, je vais devoir révénir.
Merci, Louise, de te souvenir des amoureux du Niger que tu as croisé dans ton épopée nigérienne. Une fois qu'on a commencé, on continue. On les aime. Dommage que l'insécurité nous empêche de venir chez eux, dans la brousse et la chaleur. L'autre jour, j'ai eu Ortoudo au téléphone: 50° nous séparaient ... en mars.
RépondreSupprimerQuel plaisir de lire ton blog qui nous rapproche de ce pays et des ces gens charmants. Bernard et Marie-Claire