Bienvenue au Guatemala!

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Lac Attitlan, Guatemala

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mercredi 29 mai 2013

Aminatou

J’ai rencontré Aminatou un samedi matin en allant chercher les croissants. Je lui demandé la permission de la photographier et, sérieuse, elle a posé, pour la caméra.  

La semaine suivante, je suis retournée la voir, à la même heure, et je lui ai remis sa photo, imprimée sur papier.  Elle ne pouvait me remercier assez.  C’est ainsi que, debout, derrière son minuscule kiosque de ventes, fière et souriante, Aminatou m’a raconté un peu sa vie. 



Elle est née à Niamey en 1967. Je suis presque convaincue que ses parents ne savaient pas que, cette année-là, une Exposition Universelle avait lieu à Montréal, au Québec. 

Je ne lui ai pas demandé si elle est allée à l’école. Elle parle français donc, elle est allée à l’école. Ici, au Niger, le français de la rue n’existe pas. On apprend le français seulement si on va à l’école. Voilà! Aminatou sait parler, lire et écrire en français.

     -  À quel âge t’es-tu mariée?

À 21 ans et j’ai eu sept enfants.  Quatre sont déjà mariés et les trois petits vont à l’école.
Sa plus petite est là, à côté d’elle et écoute notre conversation, attentivement, visiblement fière de sa maman.

     -  Et ta journée?  Comment ça se passe?

Aminatou se lève chaque matin à 4 heures, sauf le dimanche. Le dimanche est jour de repos.

     -  Dès le réveil, je prépare la bouillie.  La veille, j’ai fait tremper le mil dans de l’eau. Le matin, j’ajoute de l’eau bouillante et du sucre. Voilà, dit-elle, en soulevant le couvercle d’un immense récipient qui contient la bouillie, le mets favori du matin.


Le liquide chaud vacille entre le jaunâtre et le grisâtre. Lorsque le prochain client s’approche, elle verse délicatement une tasse de bouillie chaude dans “un sac de plastique” et referme le tout par un noeud. 

Mais, ce n’est pas tout. Elle vend aussi des sandwiches.  Chaque matin, elle achète plusieurs kilos de poissons d’un marchand ambulant. Elle coupe les poissons en pièces de longueur à peu près égales et les cuit dans l’huile sur un petit feu de bois juste à côté de la table où se trouve la bouillie.  Aussitôt cuits, elle dépose les poissons dans une large assiette ronde exposée aux chauds rayons du soleil matinal. 

Je l’ai vu préparer les sandwidches.

Sa voisine, la vendeuse de baguettes et de beignets

D’abord, elle achète du pain de sa voisine, celle qui fabrique les beignets. Elle achète une baguette qu’elle découpe en trois morceaux.  Puis, elle tranche un des tiers en son centre et ouvre la baguette pour y déposer les morceaux de poissons.  Ensuite, de ses mains très agiles, elle prend soin de bien enlever toutes les arêtes.  Ses mains gesticulent dans le poisson, presque nonchalamment,  de façon automatique, rejetant dans l'assiette, les arêtes. 




Finalement, sur le poisson, elle verse une sauce maison épicée de couleur rougeâtre qui lui donnera un bon goût et referme aussitôt la baguette de pain. Le client visiblement satisfait lui remet quelques Francs CFA  (la monnaie de l’Afrique de l’ouest) et repart, en mangeant...

D’autres clients attendent déjà, alignés, pour un sac de bouillie ou un autre sandwiche.

Voilà!  Aminatou s’est créée une petite entreprise génératrice de revenus.  Je ne lui ai pas demandé son revenu mensuel.  L’important, c’est qu’elle réussisse à générer un revenu pour elle et pour sa famille.  Plus important encore, c’est sa joie de vivre qu’elle arbore chaque matin sur ce coin de rue et qu’elle partage, six jours par semaine, avec ses amis du quartier.


Je me trouve privilégiée de l’avoir croisée, sur la route des croissants.  

Louise

PS. Vous voulez savoir si j'ai acheté? Bien sûr! J'ai acheté des beignets et de la bouillie...


2 commentaires:

  1. Voici le commentaire de Gisèle Quesnel, de Gatineau

    Bonjour Louise,

    C’est à mon tour de ressentir de la gratitude pour tout ce que nous avons ici au Canada. De la gratitude que tu nous racontes l’histoire d’Animatou qui m’a touchée beaucoup. Cette dame réussit à obtenir des revenus pour sa famille avec beaucoup d’effort et peu de moyens. Son petit kiosque est très rudimentaire et leur façon de cuire aussi. Je constate que tu essaies de découvrir et vivre avec ce peuple autant que possible. Tu en auras long à raconter à ton retour. Comment étaient les beignets et est-ce que la bouillie ressemble à notre gruau?

    Ici tout va bien. Notre nature est très belle – tout est d’un beau vert tendre – nous avons eu beaucoup de pluie dans la dernière semaine – bon pour tout ce qui pousse moins bon pour les golfeuses. Imagine, ici on (les retraitées) se lève vers 7:oo pour se préparer à aller s’amuser quand au Niger Animatou est déjà en préparation pour son travail depuis trois heures. Tout un autre monde!

    Continue à profiter de ton séjour!

    Gisèle

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  2. Bonjour Gisèle,

    Tout d'abord, merci pour ton commentaire!

    Les beignets étaient vraiment délicieux! Je suis retournée en chercher d'autres quelques jours plus tard. Mais la bouillie, je l'ai donnée à un enfant. J'ai eu droit à un immense sourire.

    Bon golf mes amies!! Je serai avec vous au 19e trou très bientôt...

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