Vous avez déjà assisté à une rencontre des
maires des municipalités du Québec? Ou à la rencontre des présidents des caisses populaires de chaque village ou ville? Si
oui, vous vous souviendrez presque certainement avoir été logé à l’hôtel (on ne
dira pas combien d’étoiles), nourri dans les restaurants des environs ou par
des traiteurs spécialisés. Sans compter les dépenses pour louer des salles, les
pauses café, etc.
Samedi dernier, j’ai été invitée à la
rencontre des chefs des quarante associations d’éleveurs nomades Peuls du Niger.
Évidemment, j’ai accepté l’invitation.
Je n’aurais jamais trouvé l’endroit qui n’a ni adresse, ni toit, sans l’aide de l’ami de Sanda qui est venu me chercher. La grande assemblée avait lieu sous des arbres, dans une cour entourée de murs de sable.
Lorsque j’entre dans l’enceinte, Sanda se lève pour m’accueillir et m’invite à joindre les hommes, assis sur des nattes à l’ombre.
- Je vais saluer les femmes et j’irai vous rejoindre, lui dis-je.
Les femmes, elles, s’activent autour de trois feux de fortune afin de cuire un repas pour tous ces gens qui ne cessent d’arriver. Elles nourriront une centaine de personnes aujourd’hui avec ces feux... Elles cuisent une immense marmite de riz, une marmite de sauce et une autre remplie de morceaux de mouton fraîchement abattu.
- Trop tôt, me dit Sanda. Je ne voulais pas te réveiller. On l’a tué à 5:00 du matin.
Aujourd’hui, il y aura élection du conseil d’administration. Tout comme chez nous, les discussions d’avant le vote vont bon train. Sous chaque arbre de la cour, de petits groupes se rassemblent...
Évidemment, c’est la cabale à l’africaine. Les échanges vont bon train... Le président sera-t-il réélu?
La cabale, sous les arbres... |
Et Sanda, sera-t-il réélu au poste de secrétaire exécutif?
La nourriture d’abord...
Bientôt, une procession de femmes tenant chacune une large assiette ronde gonflée de riz et de viande s’approche de la natte des hommes. Délicatement, elles déposent les assiettes, une par une, sur le sable, puis, se retournent et s’éloignent. Sanda se lève, prend les assiettes, une à une, et les déposent à son tour sur la natte. Les hommes se déplacent tout doucement autour des plats, en cercle.
Les femmes, une à une, déposent la nourriture sur le sable |
- Ca, c’est pour toi.
Mais voyant tous les hommes se passer l’autre cuillère après chaque bouchée, je me décide à les imiter et je passe MA cuillère à mon voisin, visiblement heureux. Tous apprécient d’un léger sourire et MA cuillère continue de se promener, de bouche en bouche, pour me revenir, une autre bouchée plus tard... Aucun des hommes ne se précipite sur les morceaux de viande déposés au centre. Ils mangent le riz et la sauce, lentement, gardant les quelques morceaux de viande pour... le dessert.
Deux cuillères par groupe |
Puis, Doula, le président actuel, se lève et annonce que la réunion va commencer, sous les grands arbres, de l’autre côté de la cour. Il s’approche de moi et dit:
- Tu peux prendre des photos.
J’en prendrai. Cette rencontre passera probablement à l’histoire des peuples Peuls nomades du Niger. J’aurai fait des photos.
Une seule autre femme sous l’arbre. Elle agit comme secrétaire, prend des notes et lit aux membres les règlements de l’association. Elle parle parfois français mais plus souvent une autre langue. Le fulfulde probablement. Je ne saurais dire...
Les hommes délibèrent, des heures durant.
Sanda est réélu!
Ils auront passer toute la journée à
discuter et à manger sous ces arbres et, cette nuit, ils dormiront sous ces mêmes arbres. Une chambre d’hôtel aux milliers d’étoiles...
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