Nous pouvons certainement apprendre des
nigériens.
Depuis quelques semaines, je suis témoin d’exemples
héroiques de résilience. La saison d’extrême chaleur s’étire en longueur et en
langueur. On entend des rumeurs :
C’est la chaleur la plus intense qu’on ait
vu depuis bien des décennies... On n’y peut rien. Le thermostat qui contrôle le
soleil reste encore à inventer et ici, le soleil frappe du matin jusqu’au soir,
sans relâche. Et il frappe dur! Et ça dure... 45C à l’ombre, c’est trop! Depuis
le mois de mars, il attaque.
C’est comme ça.
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Mais il n’y a pas que la chaleur.
Il y a les pannes d’électricité. Depuis
plusieurs semaines, l’électricité manque chaque jour pendant des heures et
parfois, la journée entière.
Les bouchers, les épiceries, les
restaurants, les petites boutiques d’alimentation ont beaucoup perdu : les
produits laitiers, la viande, les produits congelés... Sans compter les maisonnées qui avaient fait
des réserves de provisions. L’internet est fragilisé par les pannes, la
téléphonie cellulaire aussi. Tout le
monde est touché d’une façon ou d’une autre. C’est très difficile mais...
C’et comme ça.
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Chaque matin, je rencontre les mêmes gens
sur ma route vers le bureau. Toujours souriants, habillés proprement aux
couleurs africaines chaudes et éclatantes, leur attitude n’ayant pas changé
malgré la nuit écourtée, sans électricité.
La nuit est terminée... On a oublié la nuit que l’on vient de passer. Une
nouvelle journée a commencé.
C’est comme ça.
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Il y a l’eau! Le manque d’électricité a aussi un effet sur
l’eau du robinet. Chaque jour, pendant certaines périodes, l’eau manque à cause
des pompes qui cessent leur fonctionnement, la période de pompage n’étant pas
assez longue. Dans certains quartiers,
pas d’eau, pas d’électricité pendant trois jours!
C’est comme ça.
Nous sommes parmi les chanceux! Le « groupe électrogène »,
l’immense génératrice derrière notre villa prend la relève moyennant un plein
de gazole.
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Il y a les prix des aliments réfrigérés qui
montent. Un sac de glace qui coûtait 50
FCFA la semaine dernière a couté 250 FCFA hier.
Les salaires ne suivent pas pour autant...
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Il y a mon amie Fatou, esthéticienne. Depuis trois semaines, elle a dû cesser
toutes ses activités professionnelles. Sans climatisation, sans électricité, il
lui est impossible de travailler dans son « Rêve d’Argan ». Fini les revenus... mais la vie continue...
C’est comme ça.
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Sanda m’annonce que sa fille de quinze ans
est décédée de la fièvre.
Il quitte Niamey pour aller recevoir les
condoléances en brousse, à 800 km. Quand je lui demande,
- Que s’est-il passé?
- Elle avait la fièvre. Elle est
allée dans une clinique mais ils l’ont retournée à la maison sans lui donner de
soins. La nuit suivante, elle a fait une très forte fièvre. Elle est décédée. C’est comme ça.
La vie et la mort ici sont deux faces d’une
même médaille. Elles se côtoient, se
courtisent...
C’est comme ça.
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Les nigériens ont appris quelque chose que
nous tentons d’apprendre et de pratiquer, non sans difficultés. Ils savent vivre le moment
« présent », un « présent »
justement, un présent de chaque instant que l’on accepte tel qu’il est, sans
désir de l’échanger, de le forcer à être autrement. Accepter ce qui est...
Et, si nous apprenions les uns des autres... peut-être trouverions-nous un petit milieu... très agréable entre la planification, la systémisation à l’extrême, l’élaboration de projets,
la compétition, etc. etc.
et l’habileté à vivre le « moment
présent »
Louise
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