Bienvenue au Guatemala!

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Lac Attitlan, Guatemala

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lundi 29 avril 2013

De la grande visite


Ce matin, je contrôle mieux mes émotions mais lorsque j’ai vu partir Adiza et Azé hier soir, j’avais le cœur un peu serré.

Adiza et Azé sont deux jeunes adolescents de l'ethnie Peul Wodabé qui vivent dans le village de Tagayet dans le nord du Niger à près de 800 km de Niamey. Je les avais invités à venir passer la fin de semaine à Niamey parce que je n’ai pas la permission de me déplacer hors de la capitale pour aller visiter les gens de Tagayet. Comme des ambassadeurs, ils ont été choisis, ils sont venus et ils sont repartis.

Adiza et Azé viennent d'arriver à Niamey

Vous voulez savoir pourquoi ils ont choisi Adiza et Azé parmi une centaine d’enfants? 

Si vous avez lu mon livre, vous comprendrez encore mieux.  En 2002, la maman de Adiza est une des femmes qui m’a emmené, un jour, visiter les voisines en brousse.  Elle me tenait la main et c’est elle qui parlait un tout petit peu de français.  Le papa de Azé avait marché pendant trois jours et trois nuits pour apporter le lait de ses vaches à l’invitée de Sanda.  Il avait appris la nouvelle de mon arrivée.  Après trois jours de brassage, le lait transporté dans une calebasse sur sa tête était un pur délice, digne des dieux. Le meilleur lait caillé que j’ai dégusté dans ma vie.

Leurs parents se sont semi sédentarisés autour du puits de Tagayet qui a été construit en 2005 pour des familles nomades qui n’avaient aucun accès à l’eau potable.  Lorsque le puits a été construit, un organisme français leur a construit une école à côté du puits et les enfants, dont Adiza et Azé, ont commencé à apprendre le français.  Pas beaucoup mais assez pour pouvoir lire un peu.

Ils sont arrivés vendredi, en après-midi, après une longue route en bus non climatisé.  Visiblement fatigués, ils refusent de se reposer. Ils sont un peu désorientés dans notre immense villa, ils sont un peu gênés… Beaucoup de nouveauté d’un seul coup!
 
Tout d’abord, les toilettes et la douche… C’est Sanda qui leur explique, en fulfulde, le fonctionnement de ces appareils.  On installe leurs lits, c’est-à dire les couvertures qu’ils ont apportées, sur des nattes, sur la terrasse, au grand air. Lorsque le repas du soir est prêt, d’autres surprises les attendent.  Chez mes amis Peuls, les hommes mangent avec les hommes sur la natte, la nourriture déposée dans une grande calebasse au centre du cercle.  Les femmes mangent avec les enfants près du coin cuisine. Dans notre villa, ils mangent comme nous, à la même table, chacun avec sa propre assiette et sa portion de nourriture… Sanda leur explique :

          -  Ici, on mange tous à la même table et les repas sont une occasion de discuter ensemble, de jaser de la journée, des projets en cours, de la politique aussi. Tous ensemble..

Ils survivent au premier repas…

Et à la nuit…

Lorsque je me lève le lendemain, Azé est déjà réveillé et cherche visiblement le coin toilette…  Ensuite, je l’invite à me suivre hors des murs de la maison.  En marchant, je lui demande :

   -  Que mangez-vous aux repas chez toi?
   -  Du riz avec un peu d’huile le matin et le soir.
   -  Et la viande? Et les légumes?

Azé fait signe que non.

Nous achetons des baguettes de pain frais sorti du four.  Il observe d’un œil curieux le boulanger-pâtissier et tous ces gâteaux… Puis, sur le chemin du retour, nous achetons des charbons de bois, et du thé, et du sucre.  Ainsi, après le petit déjeuner  – des fruits, du pain, des œufs frais et de la confiture -  il pourra faire du thé. Comme son papa, s’il n’a pas son thé, il aura mal à la tête.

Nous remplissons la journée de visites culturelles et éducatives :  les jardins cultivés par les enfants de Libore, les jardins des femmes, la culture des mangues et du moringa, des foyers pour les femmes qui apprennent la couture, la broderie, les pommades, la fabrication de bijoux etc..  Une visite au musée national.  Ils voient pour la première fois de leur vie des crocodiles, des hippopotames, des lions, des porcs-épics, etc..  Des exclamations de joie fusent à la vue de tous ces êtres vivants. 

Hamani montre comment les enfants font des boutures aux manguiers
Nous achetons un moringa et un manguier pour envoyer à Tagayet...

Ils observent les artisans à l’œuvre : les travailleurs du cuir, d’argent, les sculpteurs sur bois, les tisserands, les teinturiers. Puis, ils voient l’université et ses facultés d’éducation, d’agriculture, de mines, d’administration, de soins infirmiers. Enfin, la tête sortie par la fenêtre de la jeep, leurs yeux s’écarquillent encore très grands en voyant le fleuve Niger, les pirogues qui glissent sur l’eau, les enfants qui s’y baignent, les pêcheurs… 

Et le soir, nous passons du temps à faire des recherches par Internet.  Ils cherchent des images de tout ce qui les intéressent, le temps que nous avons. Deux doigts pour faire dérouler les images, la touche « enter » pour changer de page. Émerveillement et surprise à chaque « enter ».




Trop d’un seul coup peut-être..  Je ne peux dire mais le lendemain soir, ils repartent les bras chargés de nouveaux livres pour apprendre le français et les mathématiques, des cahiers pour eux et pour leurs amis et des instruments pour faire des mathématiques.  Les remerciements fusent… 


   -  Abarkidi.. abarkidi, abarkidi…

Hamani, le président de l’ONG LIBO de Libore, notre guide, les ramène à la gare de bus où ils vont dormir, dehors, jusqu’à trois heures du matin.  On les réveillera à temps pour monter dans le bus qui les ramènera chez eux 14 heures plus tard.

Adiza et Azé repartent avec une mission : celle de partager ce qu’ils ont vu et appris avec leurs amis de Tagayet.  Et ils ont aussi un grand désir : avoir un jardin. 

Aussitôt qu’ils auront de l’eau, ils feront un jardin,  comme celui des enfants de l’école de Libore. 

Pour réaliser ce rêve, il faudra de l’eau., beaucoup d’eau parce que l’eau, c’est la vie!
Louise

... A suivre









Ce n'est qu'un aurevoir.

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