... suite de: De la grande visite
Adiza et Azé sont repartis heureux, les bras chargés de matériel pédagogique et l’intention ferme de mieux apprendre, grâce à ces livres de classe en français et en mathématiques. Par contre, lorsque je demande s’ils ont des livres de lecture, ils ne comprennent pas de quoi je parle. Évidemment, ils n’en ont pas.
Adiza et Azé sont repartis heureux, les bras chargés de matériel pédagogique et l’intention ferme de mieux apprendre, grâce à ces livres de classe en français et en mathématiques. Par contre, lorsque je demande s’ils ont des livres de lecture, ils ne comprennent pas de quoi je parle. Évidemment, ils n’en ont pas.
J’aimerais
qu’ils repartent aussi avec des romans, des contes, des poèmes, des récits… Nous
sommes allés dans une librairie.
J’ai
cherché… J’ai questionné le libraire…
J’ai fouillé…
Je n’ai
rien trouvé.
Mais, juste
avant de quitter, le libraire sort d’un coin de sa boutique un tout petit livre
qu’il me tend. Je l’ouvre. C’est un
petit livre qui contient plusieurs petites histoires africaines de quelques
pages. Le titre? « Récits épiques du Niger réécrits ».
LE livre |
- Ça y
est! C’est ce qu’il nous faut. Y en a-t–il
d’autres? lui demandai-je.
Son
expression suffit comme réponse.
Nous
rentrons à la villa avec notre petit trésor : un vrai livre.
Hamani, le président de l'ONG LIBO, connait les rouages d’une bibliothèque en Afrique. Aussitôt arrivé à la maison, il s’installe
à table avec une feuille et un stylo bille.
Il trace des lignes et des colonnes qu’il identifie, numérote et inscrit
dans une colonne le nom DU livre qui se promènera désormais dans le
désert. Azé est tous yeux, toutes
oreilles devant Hamani. Adiza écoute
attentivement aussi, avec un peu moins d’assurance mais elle écoute.
Hamani enseigne
comment effectuer un prêt de livre :
Nom du
livre, nom de l’emprunteur, date de l’emprunt, état du livre à l’emprunt, date
du retour, état du livre au retour. Chacun
sa colonne! Tout y est! Une bibliothèque
ambulante est désormais créée pour les enfants de Tagayet.
Un seul
hic : un seul livre.
Avant le
repas du soir, nous avons un peu de temps pour visionner des images du film
« Tagayet » tourné et monté par mon fils Matthiew Klinck avec de la
musique de Daniel Bouliane (www.ondespirale.com) . Ils n’ont jamais vu d’images
qui bougent… Ils adorent la musique de Daniel Bouliane et demandent :
-
- Qui
chante?
Ils sont
convaincus que la musique vient de leur pays tellement le rythme les
touche. Quand je montre la photo de
celui qui a chanté la dernière chanson du CD « Enfant espoir », ils
me disent à l’unisson :
- Mort.
Ce tout
jeune garçon est décédé, lors de la famine qui a frappé. Ils en montrent
beaucoup d’autres, hommes, femmes et enfants, « Mort », répètent-ils
en voyant leurs visages sur l’écran.
Ils
reconnaissent des parents, des amis et des gens du village. Ils reconnaissent, enthousiastes, Andy, l’âne que
mon fils avait acheté pour les enfants de l’école. Lui, il est toujours là et
il travaille très bien, affirment-ils. À plusieurs reprises, ils me font signe d'arrêter le film afin de prendre une photo de l’image
sur l’écran à partir d’un vieux téléphone portable du siècle dernier (c’est
vrai…) qui fait de bien curieux bruits à chaque clic de prise de
photos. Ils apporteront ces images à
Tagayet.
En
m’endormant ce soir-là, je revois les rayons de nos bibliothèques remplies à
craquer, les livres jetés au rebus, les caisses de nouveautés qui arrivent dans
chacune des bibliothèques de chaque école, de chaque ville, de chaque village… Les gens qui cherchent à donner les livres
qu’ils ont en trop, qui échangent leurs livres entre eux… Je revois les
boutiques de livres usagers… Sans parler des rayons de films à emprunter dans
chacune des bibliothèques…
Nous sommes
tellement chanceux!
Louise
PS. Il y aura bientôt DEUX livres bientôt dans la bibliothèque de Tagayet. Quand Sanda partira vers Tagayet, il apportera une copie de mon livre "SOIF", publié en Belgique. S'ils ne peuvent le lire, ils auront au moins les huit pages de photos couleurs à scruter à la loupe, des souvenirs de la vie avant le puits, avant le village. En plus, dans ce livre, je parle du papa de Azé et de la maman de Adiza. Et je trouverai peut-être d'autres livres d'ici là...
Quelle merveilleuse histoire, mais quelle dure réalité. Les enfants qui vont à l'école pour apprendre à lire n'ont pas l'occasion d'appliquer leur savoir en lisant des livres qui les intéressent ou les amusent. Il y a à Niamey, au centre culturel français un bibliothèque de prêts comme chez nous, avec les mêmes livres pour enfants. les enfants de Niamey en profitent-ils?
RépondreSupprimerMais ceux de tagayet n'ont pas cette chance.
Je passerai à la bibliothèque du Centre Culturel français. Je le connais. Ils ont peut-être des livres en trop, qu'on pourrait envoyer à Tagayet. Je vais aussi visiter d'autres libraires... Ce n'est pas facile comme chez nous, ici.
RépondreSupprimerMerci pour l'idée nouvelle!