- Foma..
Foma.. Bonjour…
- O yambe diam?
Vous avez passé la nuit en paix?
- Diam Sago?
Oui, la nuit en paix.
Voilà tout
ce que je peux retenir de la langue peule et c’est ainsi que je saluerai mon
amie Hissi quand elle arrivera. C’est elle
qui, en 2002, m’avait faussé compagnie après la Cure Salée sans que je
comprenne pourquoi. J’osais à peine
espérer la revoir un jour mais ce jour est venu. Elle est ici, à Niamey, avec Sanda et
aujourd’hui, nous avons rendez-vous.
Hissi est
venue passer toute la journée du samedi dans notre villa. Liliane, notre colocataire nouvellement arrivée
du Québec, désirait ardemment se faire tresser les cheveux et c’est justement
le métier de Hissi. Elle est donc arrivée
tôt le matin, avec Sanda, et nous sommes tout de suite partis au petit marché
pour acheter les rallonges nécessaires pour les tresses. On a aussi acheté les élastiques, un couteau
coupant et bien sûr, on a profité du petit marché pour revenir avec des denrées
fraîches. Les kiosques de petit marché regorgent de tout ce dont on peut avoir
besoin. On dirait un fouillis total mais
il semble que ce fouillis fonctionne très bien.
Il faudrait y passer des heures pour l’examiner de plus près. Aujourd’hui, nous n’avons pas ce temps.
Retour du marché: Liliane, Ousmane et Hissi |
Revenus à
la maison, Hissi et Liliane s’installent autour d’un des fauteuils de notre
immense salon et c’est là qu’elles
passeront la journée entière, l’une accroupie et l’autre assise maladroitement
sur un bout de fauteuil. Nous sommes
loin du confort d’un salon de coiffure.
Hissi pratique son métier. Elle tresse les cheveux de Liliane. |
Pendant
tout ce temps, les hommes s’attablent autour de André et moi pour discuter de
puits et d’eau. Le puits de Tagayet a un
problème en bas, là où l’eau arrive. Tout au fond du puits, il y a 7 anneaux de
ciment avec des trous spécifiquement faits pour laisser entrer l’eau. Le puits
traditionnel, c’est comme ça. Un de ces
7 anneaux, le dernier tout en bas, est cassé et le sable s’infiltre avec l’eau.
Alors, chaque 3 ou 4 jours, un homme doit descendre pour réparer et nettoyer
les fissures. C’est Baléri, le fils de
Sanda, qui fait ce travail. Sanda est
inquiet pour son fils qui descend à 70 mètres dans ce trou sans air, et sans
précaution.. La vie n’est pas facile.
Quand on
lui demande combien coûte la réparation, il nous donne deux prix. Si on le répare très bien, cela coûtera
10000$. Ainsi, on va retirer les 7
anneaux, refaire un anneau pour remplacer celui qui est cassé et remettre les 7
anneaux solides tout au fond. Si on fait
seulement le nécessaire, c’est à dire aller recoller celui qui est fissuré, ce
sera 2500$ mais le travail ne durera pas.
Quand on
lui demande s’il y a assez d’eau?
- Oui.
L’eau vient tous les jours. Il y a de l’eau pour les tous gens du village mais
parfois, pas assez pour les
animaux. Eux, doivent aller aux mares.
Puis, nous
jasons de forage. Tagayet est devenu un
grand village et les habitants ont des besoins d’approvisionnement en eau de
plus en plus importants. Il faudrait un
forage à côté du puits traditionnel, un à côté de l’autre, un qui sert de
réservoir d’eau à l’autre.
-
- Avec
un forage, on ferait des jardins de légumes et on ferait aussi pousser des
arbres de moringa.
Rêvons-nous
en couleurs? Pourquoi pas?
Le tressage
tire à sa fin et la journée aussi. Hissi se tourne vers Sanda et lui adresse la
parole. Je ne saisis pas son besoin mais peu de temps après, elle s’éloigne dans
un coin de la maison avec un petit tapis pour faire ses prières.
Dans un
autre coin de la maison, Liliane jubile, arborant ses nouvelles tresses à
l’africaine.
Le résultat final |
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