L'homme de la jeep bleue

La jeep bleue? Si vous avez lu mon livre, vous vous souvenez probablement de l’homme de la jeep bleue.  Ah! Sidi Mohammed Illies d’Agadez!  Moi, jamais je ne l’oublierai.

L’autre jour, Sanda est passé à notre villa de Niamey. Je lui ai offert un thé et il a refusé. Il ne prend plus de thé...

- Mal à l’estomac,  me dit-il.

Nous avons bu de l’eau et nous avons ressassé les bons souvenirs du voyage de 2002.  L’un des épisodes les plus agréables fut la rencontre avec Sidi, dans sa jeep bleue.  Nous avions fait, avec lui, le voyage extrêmement confortable, jusqu’à Niamey.

Nous étions alors, en plein Sahara, à plus de 900 km de Niamey.  Mon avion partait dans moins de 2 jours. 
La jeep que nous avions louée avait rendu l’âme. 
Le taxi-brousse dans lequel nous étions assis? Le moteur a brûlé et le conducteur a fait descendre tous les passagers sur le bord de la route. 
Le deuxième taxi-brousse qui nous a recueilli n’était pas mieux et nous demandait un prix exhorbitant pour quelques kilomètres. 

J’ai donc fait de l’auto-stop sur le bord de la route pendant que Sanda sirotait du thé sous la tente d'une famille nomade un peu à l’écart de la route. 

C’est là que la jeep bleue est passée.

L'homme de la jeep bleue constate la crevaison

----   Ici, je ferai un encart sur une immense synchronicité.  
A l’endroit exact où la jeep bleue s’est arrêtée en 2002, en plein désert,  c’est là que, Ariane Kirtley (relisez le Festin africain du 8 avril 2013),  rencontrée à la piscine de l’hôtel Terminus, a fait faire un immense forage de puits pour des Touaregs.  Son planning était de faire un forage dans le nouveau village Peul de « Tagayet »,  à l’endroit où, moi, j’ai fait creusé un puits traditionnel. (pas un forage)  
Au dernier moment, elle a dû  changer d’endroit à cause de... politicailleries.  Il faut le dire.  La grande synchronicité a été de rencontrer Ariane!  Nous avons, toutes les deux fait creuser un puits, moi à Tagayet, elle, là ou la jeep bleue s'est arrêtée!!  ----

Depuis mon arrivée au Niger, je cherche un moyen de rencontrer l’homme de la jeep bleue. Sans succès..

Ce matin, mon téléphone sonne. C’est une femme à l’autre bout du fil. Je ne la connais pas.  Elle me dit avoir un message à me transmettre :

  - Le conducteur de la jeep bleue est en route. Il vient d’Agadez pour vous voir aujourd’hui.

Quoi?

  - Comment avez vous eu cette nouvelle?  Je vous connais? lui demandai-je.

La femme me répond :

  - C’était bizarre. Une femme, au marché, m’a demandé de vous faire le message : « Dites à Louise qui travaille chez OXFAM que l’homme de la jeep bleue s’en vient à Niamey pour la rencontrer aujourd’hui »

Et la ligne fut coupée...

La dernière fois que j’ai vu Sidi, c’était quelques heures avant le départ de mon avion vers le Québec, il y a 11 ans. J’étais allée prendre un dernier verre sur la terrasse du Grand Hôtel pour voir le dernier coucher de soleil sur le fleuve Niger. Sidi, qui m’avait ramenée du désert la veille est apparu sur la terrasse avec sa famille. Il a pris un coca avec Sanda et moi et je ne l’ai jamais revu.

Ce soir, j’ai cru un instant que l’occasion pouvait se répéter. Je suis donc allée prendre un verre sur la terrasse du Grand Hôtel.  Il n’est pas venu.  Mais... la femme du téléphone de ce matin était sur la terrasse et s’est identifiée pour me raconter comment elle a reçu ce message pour moi.  Elle ignorait tout de l’homme à la jeep bleue mais j’ai su que nous travaillons toutes deux chez OXFAM.  C’est tout.

Minuit est venu. Pas de Sidi...

Deux jours plus tard

Je rencontre la dame du téléphone dès que je rentre au bureau le lundi matin et je continue de la questionner :

  - Connaissez-vous cette femme que vous avez rencontré au marché?

  
  - Non! Désolée, mais un de mes collègues doit la connaitre.

  - Vous pouvez essayer de me trouver ses coordonnées?

Elle a trouvé. J’ai échangé des textos avec la femme de Sidi.  Sidi est presque là.  En fait,  vous pourrez le voir vers la fin de mai.  Elle me signale aussi que Sidi a eu un grave accident de voiture il y a quelques années et qu’il est différent.

  - Il se peut que sa mémoire fasse défaut... Il ne faut avoir aucune attente, me dit-elle.

  - J’ai compris.

Bientôt, je reverrai l’homme de la jeep bleue.

InchAllah