Bienvenue au Guatemala!

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Lac Attitlan, Guatemala

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samedi 4 mai 2013

Un repas chez Sanda


Sanda m’a finalement invitée pour un repas chez lui.  Il avait hésité.  J’ai insisté un peu.  Il me disait :

  -  Chez moi, pas de frigo. Chez moi, pas de maison. Toi connais en brousse?  C’est comme ça chez moi.

Oui.  Je connais sa maison en brousse faites de quatre bâtons bien planté dans le sable et d’une toile attachée aux extrémités des bâtons qui sert de toiture. Mais, je voulais voir où et comment il vit quand il vient en ville.

C’est Ousmane, un ami de Sanda, qui est venu nous chercher, Liliane, ma colocataire, et moi.  Liliane était contente de participer de plein pied à l’expérience nigérienne Peule Wodaabé authentique et l’occasion était en effet bien choisie.

Liliane est heureuse parmi nos amis Peuls


Les femmes qui ont préparé le repas. Hissi est la 2e

La maison de Hissi et Sanda est située dans un quartier achalandé de Niamey, près du petit marché, il me semble. Pour y accéder, il faut entrer dans l’enceinte d’une ONG qui travaille avec des jeunes filles.  Ici, on appelle ces écoles professionnelles « foyer féminin ». La cour est grande au premier coup d’œil. Il y a deux bâtiments, presque côte à côte. L’un est l’école de couture et de  broderie et l’autre est une médersa.  La médersa est l’école coranique où l’on envoie les jeunes filles apprendre le coran par cœur au lieu d’apprendre à lire, à écrire et à compter. Ces écoles ont pris une importance visible depuis mon dernier voyage et la preuve est aussi visible : les jeunes filles et les femmes de Niamey sont de plus en plus voilées.  On en voit partout.  En 2005, on ne voyait pas de femmes voilées. Je me suis informée. On me répond qu’elles ne sont pas obligées mais c’est la mode…  J’ose douter.


L'intérieur de sa maison
Entre le mur qui borde l’enceinte et la médersa, Sanda a érigé un abri en branches avec des murs en paille sèche et quelques sacs de plastique noirs recouvrent le tout, sûrement pour les protéger contre la pluie… Mais, c’est impossible!.  Lorsque la pluie des mangues est venue, j’ai entendu Sanda dire :

 -  Hissi est toute trempée…

Je croyais qu’elle s’était fait prendre par la pluie alors qu’elle marchait sur la route.  Mais maintenant, je comprends… Elle était dans sa  « maison ».



Son abri est construit sur un terrain qui ne lui appartient pas.  Il s’est installé là, dans un coin.  Juste à côté de sa case, il y en a une autre, semblable.  Je ne pourrais pas dire combien de personnes vivent dans ces deux cases mais il y en beaucoup.


Et, beaucoup de personnes gravitent autour de Hissi qui nous reçoit avec son sourire gêné: des femmes de tous les âges et plein d’enfants. Sur un feu de fortune entouré de quelques pierres est déposée une grande marmite dans laquelle cuit le repas. Au Canada, on appellerait ce genre d’installation du camping sauvage très rustique.

Exactement comme il y a presque 11 ans, sur la natte des hommes
Les hommes eux, nous attendent, assis sur la natte déposée à l’ombre d’un arbre magnifique. Quand nous nous approchons d’eux, ils tirent pour nous deux un banc et nous invitent à nous assoir, nous sur le banc, eux par terre, pour jaser.  Ils sont aussi nombreux, tous des amis de Sanda. L’un d’eux me montre sa photo sur un vieux cellulaire, une photo de lui-même qu’il a trouvé sur Internet. 

  -   C’est moi!  dit-il, en montrant sa photo qui apparait sur la couverture de mon livre « Les touristes ne vont pas à Abalak ».

Je le reconnais à peine… Il a dû vieillir de 50 ans en 8 ans.

Bientôt, Hissi avance vers la natte des hommes transportant entre ses mains fragiles une grande calebasse puis une plus petite sur le dessus.  Il y a aussi plusieurs cuillères de métal. Elle dépose ce butin sur le sable non loin de la natte, sans dire mot, les yeux baissés puis retourne vers le coin des femmes. Nous ne la reverrons plus.

Bouche-bée, Liliane observe la scène.  C’est Ousmane qui nous explique :

  -  C’est par respect.

Puis, Sanda se lève doucement, prend le tout entre ses mains et dépose les calebasses au centre de la natte. Comme un maître de cérémonie, il verse sur le riz un peu de sauce brune et quelques morceaux de bœuf et distribue les cuillères. Tous assis par terre autour de la calebasse, nous prenons le repas du midi.

Lorsque rassasié chacun s’éloigne de la calebasse, Sanda la reprend et l’offre à de jeunes gens qui viennent d’arriver, vraisemblablement attirés par l’odeur de nourriture.


Juste à côté de la natte, un autre homme prépare le thé. Pour l’occasion, Sanda a fait acheter un bloc de sucre… comme en 2002 en brousse. Lorsque je lui demande de fendre le bloc avec son épée comme il le faisait avec une grande élégance en ce temps-là, il fait signe que non. Il n’a plus son épée et préfère éviter le sujet de conversation. La vie change, même dans le désert… On nous offre le premier thé, une gorgée. Puis, le second, une autre gorgée. Dans le désert, même le minuscule verre de thé se partage.

Le maître du thé

Sanda nous raccompagne au goudron où il déniche un taxi qui nous ramènera à notre villa moderne et confortable.

C’est ainsi que se vit mon premier repas chez Sanda.






1 commentaire:

  1. De lointains souvenirs, un peu frais tout de même. Petit Marché ou Château 1 il y a de ces agglomérations autour des regroupements de commodités dans Niamey. Intéressant, Louise. Tu t'es même payée un boubou de riche vert. Quelle élégance. Autre sujet, dois-je demander une minute de silence au Salon du livre de La Sarre à cause de ton absence? Ça sera pas pareil que l'an dernier chère Aga bori.

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